Le texte qui suit est tiré de la conclusion d'un des derniers ouvrages de Michel Vernus intitulé : "Les vignerons, la vigne, les vins en Franche Comté" paru aux éditions CABEDITA en 2009.
Michel Vernus a été professeur d'Université en histoire contemporaine. Il est également historien, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages consacrés en grande partie à la Franche Comté.
"A l’heure où la viticulture se développe dans le monde, la concurrence devient particulièrement rude. Le savoir-faire étranger gagne du terrain, souvent d’ailleurs grâce à l’exportation du savoir-faire français en Californie, en Afrique du Sud… ou en Australie.
L’avenir de ce petit vignoble comtois, fort minuscule à l’échelle planétaire, dans ces conditions peut paraitre bien fragile. Au total, rappelons cette réalité chiffrée : un peu plus de 2000 hectares. Or, l’histoire le démontre clairement, un grand passé, aussi prestigieux soit-il n’est jamais à lui tout seul une garantie suffisante d’avenir.
La vigne est une question de longue patience.
(….)
Planter une vigne, c’est le faire au moins pour une génération. Il faut donc réfléchir avant d’agir. Le choix des lieux, le choix des plans sont d’une grande importance, d’une importance décisive. C’est dans la réflexion et dans des choix étayés par la connaissance que l’avenir se prépare, en viticulture peut être encore plus que dans bien d’autres activités.
L’avenir, c’est naturellement la recherche de la qualité. La clientèle de mieux en mieux informée et formée est de plus en plus curieuse de produits d’excellence. Elle est en quête d’originalité.
Dans un monde incertain et dans un monde viticole devenu fortement concurrentiel, une certitude existe : la recherche de la qualité est le passeport pour l’avenir. Excellence et originalité sont l’une et l’autre liées très intimement au terroir.
L’avenir, c’est au fond continuer à s’inscrire dans ce long mouvement de recherche et de revendication de la qualité, que le vignoble jurassien a amorcé au début du XXème siècle et qu’il a su poursuivre jusqu’à aujourd'hui .
Sans doute y a–t-il, de ce point de vue, à rechercher dans les méthodes culturales à mieux respecter les sols et plus généralement l’ensemble du milieu naturel. Le mouvement bio et plus récemment le mouvement biodynamie ou plus modestement l’expérience d’un Pierre Overnoy… ont su impulser en ce sens des réflexions au sein de la profession. Mais respecter la nature suppose une réorganisation des exploitations et donc une réévaluation des couts. Sans doute faut-il aller dans le sens qui conduit à restreindre l’usage des produits chimiques, à respecter davantage la terre et la nature, à ne pas la forcer et attendre patiemment qu’elle fasse son œuvre. C’est de plus en plus l’exigence des consommateurs.
A la fin des fins, en dernier ressort, la qualité, donc l’avenir des vignobles comtois dépendra comme par le passé surtout de la passion que le vigneron souhaitera investir dans le travail de sa terre, de sa vigne et de son vin. Réalité incontournable et vérité de toujours."